Ne laissez personne vous maltraiter

Cela peut sembler évident à priori : personne n’aime se faire maltraiter par les autres. Physiquement bien sûr : c’est totalement inacceptable de se faire bousculer ou frapper. Mais il y a des violences plus subtiles, plus quotidiennes, qui deviennent parfois tellement habituelles que, si vous êtes concernées, vous n’y faites peut-être plus attention. Il y aussi une autre forme de maltraitance, occasionnée par des personnes qui détiennent le « pouvoir ».

Se rendre compte que l’on est maltraité

Je me souviens d’une période de ma vie où nous avions des problèmes d’argent. J’étais convoquée à la banque, et la conseillère, que je ne connaissais pas, s’est permise de me parler d’un ton hautain, autoritaire et irrespectueux. Elle jugeait, visiblement,, qu’elle était autorisée à me parler comme cela vu l’état de nos comptes bancaires.

De même, une personne que j’estimais beaucoup nous avait prêté de l’argent que vous avons mis plus de temps que prévu à lui rendre. De ce fait, elle s’est permise de me faire la leçon, la morale même. Elle m’a également invitée très fortement à suivre les conseils qu’elle me prodiguait, car ils seraient bons pour moi, vu que je n’arrivais pas, selon elle, à gérer ma vie correctement.

Vous faites-vous maltraiter ?

Il est très tentant, lorsque tout va bien pour nous, de profiter de notre situation pour donner des conseils à l’autre, pensant l’aider. Je l’ai fait. Il est très facile aussi de basculer dans la maltraitance envers l’autre en lui ôtant son pouvoir, et en le faisant se sentir minable ou adéquat quand il traverse un moment difficile de la vie.

Je l’ai peut-être fait également, mais involontairement. Ceci étant, la vie est un jeu admirable, et j’ai rapidement été de l’autre côté, à savoir la personne à qui l’on se permettait de faire des réflexions très déplacées.

Au début, je sentais que la personne disait vrai. La conseillère bancaire par exemple. Elle avait raison de me parler sur ce ton. Après tout, je n’avais pas respecté mes engagements envers la banque, et je me sentais assez minable d’être dans cette situation difficile. Je me jugeais beaucoup, et me critiquais de cela.

Après tout, je n’avais qu’à me bouger, trouver un travail plus rémunérateur… bref, faire ce qu’il fallait.

Nos expériences ne nous définissent pas

Je me suis ensuite aperçue que les expériences que je vivais n’étaient pas qui j’étais. Ce n’était pas parce que j’avais des situations de vie qui n’étaient pas celles que j’aurais souhaitées que j’étais une mauvaise personne. Et que nul ne pouvais me critiquer pour cela, pas même moi.

C’est un peu comme un enfant qui apprend à faire du vélo. Il est évident qu’il va tomber au départ. Certains sont plus rapides et y arrivent facilement, alors que d’autres peuvent mettre des années pour y arriver correctement. Cela dépend aussi du contexte. Si l’enfant est en appartement, il apprendra moins facilement que s’il dispose d’un jardin adéquat.

Tout le monde n’apprend pas à faire du vélo à la même vitesse

Prenez conscience que c’est cela. Dans certaines situations, peut-être êtes-vous comme un enfant vivant au 35ème étage, ne pouvant s’entraîner à faire du vélo que certains jours par mois. Vous risquez de mettre un temps fou pour apprendre. Cela n’a rien à voir avec votre valeur, ni qui vous êtes, mais plutôt avec les conditions dans lesquelles vous vivez. Constatez combien vous avez fait preuve, au contraire, d’une grande ténacité vu les circonstances.

Il est possible d’agir sur la critique

Sous ce nouvel éclairage, il est absolument inenvisageable que quelqu’un se permette dorénavant de vous juger et de vous critiquer.

Si vous êtes dans une situation difficile ou délicate, et même si vous ne pouvez pas encore voir les résultats positifs de vos actions, il n’est pas question que quelqu’un vous maltraite. Vous pouvez agir là dessus immédiatement, sans attendre que votre situation s’arrange pour le faire.

Pour reprendre mon expérience avec ma banquière, je faisais au mieux, même si cela n’allait pas à la vitesse souhaitée, et même si je n’arrivais pas à matérialiser concrètement les changements. Je savais que j’étais dans cette démarche.

Comment ne plus se faire maltraiter ?

Changez votre état intérieur afin que les gens aient un autre regard sur vous. Ne vous présentez plus en victime, mais en personne gagnante, sûre d’elle.

Donnez à votre interlocuteur l’image que vous voudriez donner si vous aviez déjà atteint votre objectif de réussite. C’est plus facile à faire que vous ne le pensez. Voici les étapes à suivre.

S’habiller de manière adéquate

Si vous avez un rendez-vous au tribunal pour une affaire délicate, il n’est pas judicieux d’arriver négligée. Si vous avez un entretien pour un surendettement, évitez d’arriver avec tous vos bijoux et pierres précieuses autour du cou et sur vos doigts. De même, si vous devez rencontrer votre banquier, mettez la tenue qui vous rendra crédible et qui sera adaptée à la situation. Votre allure doit inspirer confiance à votre interlocuteur.

Imaginer ce qu’un autre ferait dans la même situation

Pensez à quelqu’un – qu’il soit connu ou inconnu – qui aurait rendez-vous à votre place. Vous pouvez penser à votre actrice préférée dans un rôle adéquat pour la situation par exemple. Où à votre voisine qui serait parfaite dans votre situation.

Comment se comporterait-elle ? Quelles seraient les postures de son corps ? Arriverait-elle les épaules basses, les yeux rivés au sol ? Aurait-elle une parole inaudible et un ton larmoyant ? Serait-elle en train de s’excuser à chaque phrase ? Ou bien se tiendrait-elle droit, les yeux francs, les épaules en arrière et parlerait-elle avec une voix ferme et claire ?

Se lancer

Jouez le rôle et essayez de vous amuser. Vous aurez le trac, c’est certain, mais allez-y quand même. Et voyez ce qui se passe.

Ma propre expérience

Il y a quelques années, j’ai été convoquée à la banque suite à une histoire de comptes débiteurs. Je me suis sentie stressée, et je n’avais pas envie d’y aller. Je n’avais pas besoin de la commisération de ma nouvelle conseillère, ni de sa morgue et de son ton hautain. Ceci étant, il fallait régler la situation.

J’y suis allée en changeant totalement mon état intérieur. Au lieu de venir en victime qui s’excuse d’avoir un compte débiteur, je suis venue en tant que millionnaire qui a un revers momentané de fortune.

Me présenter comme millionnaire a complètement changé la relation avec la banquière

Je me suis habillée en conséquence, et me suis comportée comme telle. Je me suis tenue droite, le regard clair et fière, détendue et sûre de moi (en apparence du moins). Elle a commencé à me parler d’un ton hautain et désagréable. Pendant tout ce temps, je l’ai écouté tout en gardant ma posture de millionnaire, et je l’ai regardé dans les yeux avec un air de bienveillance sincère. Résultat : je me suis pas sentie concernée par son ton désagréable et ses paroles blessantes. Sa leçon de morale ne me concernait pas, car bien qu’en difficulté avec ce compte, j’essayais d’y remédier par tous les moyens.

Son comportement a alors commencé à changer. Plus elle allait, plus elle manquait de conviction. Je suis restée correcte tout au long de l’entretien, mais à aucun moment je n’ai invalidé ou validé ses paroles. Je lui répondais par des phrases sibyllines et des onomatopées. Elle a alors complètement changé son discours, et est devenue plus respectueuse.

Vous faites-vous maltraiter ?

La maltraitance peut donc prendre de multiples formes. Nous pensons parfois que c’est normal d’être traitée ainsi, mais ce n’est pas le cas.

Et vous ? Avez-vous tout le respect que vous méritez dans votre travail ? Dans votre environnement ? De la part de votre famille ?

Récemment, une femme me témoignait de la froideur de son mari et de ses enfants alors qu’elle leur consacrait beaucoup de temps et de présence. Mais elle gagnait très peu d’argent par rapport à son conjoint. Celui-ci se permettait des remarques désagréables et un comportement distant. Ses enfants l’imitaient. Elle en était très affectée, et s’en voulait de pas gagner plus pour être mieux considérée.

Dites-moi dans les commentaires ci-dessous si vous décelez de l’irrespect et de la maltraitance dans des domaines de votre vie. Qu’avez-vous mis en place par rapport à cela ? Y avez-vous remédié ? Comment ? N’y arrivez-vous pas ? Pourquoi est-ce difficile ?

Je vous rappelle que ce vous faites (ou pas) ne définit pas qui vous êtes. Car vous êtes merveilleusement imparfaite, et c’est parfait. Et cela ne peut pas changer. Par contre, les circonstances qui vous entourent, si.

À tout de suite pour vos commentaires !

Vous pouvez reproduire ce texte et en donner en copie aux conditions suivantes :

  • qu’il ne soit pas coupé ;
  • qu’il n’y ait aucune modification de contenu ;
  • que vous fassiez référence à Merveilleusement imparfaite ;
  • que vous mentionnnez le nom de Marie Christine Provost.

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