La codépendance : comment agir

J’ai eu envie d’écrire cet article afin que vous puissiez, si vous vivez une situation de codépendance ou si c’est le cas dans votre entourage, être éclairée sur ce que vous vivez.

Savoir ce qu’est la codépendance va vous permettre de mettre des mots sur ce que vous pouvez vivre, et vous aider à en sortir. Car la codépendance relationnelle fonctionne toute seule. Le mécanisme est en place et s’active quasiment automatiquement. Vous pouvez, si c’est ce que vous vivez, vous sentir empêtrée dans une relation, voir que cela dysfonctionne et pourtant être incapable d’agir autrement. Cela peut vous toucher directement ou être vécu par des personnes de votre entourage : parents, amis, membre de votre famille…

Sans la conscience de ce qui se joue, il est, à mon avis, difficile de sortir de la codépendance. Par contre, vous pouvez, même si vous n’êtes pas concernée directement, vous retrouver embarquée dans quelque chose de difficile à vivre, simplement parce que vous avez eu envie d’aider une personne codépendante.

relation codépendance merveilleusement imparfaite
Vous pouvez vous retrouver, sans savoir comment, empêtrée dans une relation dysfonctionnelle et ne pas savoir de quoi il s’agit

Qu’est ce que la codépendance ?

La codépendance est une tendance qu’a une personne à prendre soin d’une autre excessivement, quitte à oublier ses propres besoins. Elle fait, en apparence, tout pour l’autre mais, en l’observant, elle donne l’impression de se sacrifier, de ne pas écouter ce qui est bon pour elle.

Cette codépendance peut apparaître dans tous les domaines :

  • dans le couple ;
  • dans la famille : une mère envers son enfant par exemple ;
  • dans le travail ;
  • dans les relations sociales.

Il y a divers types de codépendance, mais il y en a deux que je voudrais particulièrement mettre en avant :

  • lorsqu’il y a une dépendance avérée, via de l’alcool, de la drogue, une dépendance physique, une dépression ou une grosse pathologie ;
  • dans une relation familiale (mère – enfant ou mari – femme par exemple) ou professionnelle, sans qu’il y ait de dépendance avérée visible. En gros, tout a l’air de bien aller et tout pourrait aller pour le mieux, et pourtant ce n’est pas le cas.

Un exemple de codépendance : l’alcoolisme

Prenons l’exemple d’un couple dont le conjoint est alcoolique. L’homme a une forte dépendance à l’alcool, ce qui peut lui occasionner des troubles divers. Il est possible qu’il soit désagréable, se laisse aller physiquement, n’ai plus de respect pour lui et pour les autres : il râle en permanence ou presque et est sale.

Sa femme est totalement aux petits soins pour lui. Elle lui prépare des petits plats, fait en sorte qu’il ait des vêtements propres, un environnement agréable, elle devance ses moindres désirs. Et pour y arriver, elle n’arrête pas du matin au soir.

Son mari, au lieu de la remercier, persévère dans son caractère désagréable, ne la remercie pas, laisse ses affaires traîner… Bref, il est invivable au quotidien.

Vous, en tant que spectatrice, vous remarquez cela. Vous pourriez avoir envie de blâmer l’homme qui ne prend pas soin de sa femme, qui ne lui parle ni gentiment, ni respectueusement, et qui, au quotidien, n’est pas très intéressant. Peut-être vous dites-vous que auriez déjà divorcé depuis longtemps si vous aviez  un(e) conjoint(e) pareil(le).

J’imagine que vous connaissez toutes ce genre de relation dans votre entourage, et que vous avez faire au moins une fois cette réflexion. Personnellement, je me la suite faite plusieurs fois. Mais en réalité, ce que vous voyez-là est la partie visible de l’iceberg.

Si vous observez davantage, il y a fort à parier que vous vous apercevrez que cette personne si serviable commande son mari en permanence, est toujours à lui dire quoi faire et quand le faire. Il est très possible qu’elle se plaigne à qui veut l’entendre, mais à mots couverts, combien sa vie est difficile auprès d’un tel homme. Ce n’est pas facile pour elle au quotidien… mais heureusement, elle s’accroche.

iceberg codépendance merveilleusement imparfaite
Dans une relation de codépendance, la partie cachée de l’iceberg n’est pas toujours comme vous pourriez le croire

Comment agir face à la codépendance ?

Si vous avez une personne codépendante dans votre entourage, surtout prenez du recul. Le premier réflexe, lorsque l’on rencontre ce genre de personne, c’est de l’aider, de la soutenir, de l’encourager peut-être à quitter son conjoint. Mais une personne codépendante, pourtant si gentille, si dynamique (ou sans énergie selon le cas), si serviable et qui a le cœur sur la main peut vous embarquer dans une relation très difficile.

Mais soutenir une personne codépendante ne fonctionne pas. Au départ, vous vous sentirez efficace et une bonne personne, car elle vous aura demandé conseil et vous lui aurez donné avec plaisir. Vous aurez alors l’impression d’avoir été une grande aide pour elle, et cela vous réjouira. Tout va sembler aller un peu mieux suite à votre discussion. Elle vous sera reconnaissante, vous accueillera à bras ouverts, dira à tout le monde combien vous avez été là pour elle…

Et c’est tout.

Vous vous apercevrez qu’au final elle ne pourra rien changer, et que la situation restera la même. Vous aurez envie de lui donner plus d’énergie, plus de conseils, plus d’attention pour qu’enfin elle sorte de cette relation difficile, et vous le ferez… Et, au final, malgré tous vos efforts, votre soutien, votre amour, vos actions, rien ne changera, car il y a quelque chose caché en-dessous :

Une personne codépendante a besoin que le dépendant ait besoin d’elle.

Une personne codépendante ne peut pas quitter la relation, car cette dernière la nourrit, la fait exister, lui permet de vivre. Elle peut tellement donner d’elle-même qu’elle peut tomber malade d’épuisement.

Si vous avez ce genre de personne dans votre entourage, vous pouvez être stupéfaite de voir comment elle agit. Car alors qu’elle n’en peut plus, qu’elle est épuisée, peut-être va-t-elle accepter de faire du bénévolat dans un association, d’organiser une fête pour quelqu’un d’autre, ou s’occuper d’une personne qui peut aussi être malade. Alors qu’une personne sensée poserait tout et irait se reposer illico.

prise en charge codépendance merveilleusement imparfaite
Alors qu’elle est archi-épuisée une personne codépendante peut encore prendre en charge l’organisation d’une fête qui n’est peut être même pas pour elle

Comment faire si je suis dans une relation de codépendance ?

En premier lieu, il est important de prendre conscience que, contrairement à ce que vous croyez, vous ne faites pas les choses pour l’autre, mais pour vous.

Si vous arrivez à prendre conscience de ça, vous êtes sur la voie de la libération. Il vous faudra certainement l’aide d’un(e) thérapeute pour aller plus loin et sortir définitivement de la codépendance et pour trouver l’origine de votre comportement (qui peut être dans votre enfance). Et surtout, soyez bienveillante envers vous-même, car si vous êtes dans ce genre de situation que vous n’arrivez pas à quitter, c’est que vous ne pouvez pas le faire, ou que vous n’avez pas pu le faire jusqu’à présent.

Comment faire si quelqu’un de mon entourage est dans une relation de codépendance ?

Si vous connaissez quelqu’un qui est dans une relation de codépendance, essayez de prendre du recul. Ne vous laissez pas culpabiliser par la personne qui va vous faire croire qu’avec tout ce qu’elle fait pour les autres, vous pouvez en faire un peu pour elle. Vérifiez si ce qu’elle vous demande est juste et bon pour vous, et répondez en prenant soin de VOS besoins. Si besoin, commencez à apprendre à dire non.

Constatez que vous avez peut-être été dans un triangle infernal, et que vous voulez sortir de ce triangle infernal et ne plus essayer de sauver qui que ce soit. Prenez le meilleur dans cette relation et laissez le reste, ce n’est pas de votre ressort. Ne vous culpabilisez pas de ne pas pouvoir y remédier, ce n’est pas à vous de le faire. Laissez la personne face aux conséquences de ses choix. Par exemple, si elle s’est obstinée à prendre en charge son/sa conjoint(e) qui ne peut plus marcher et veut que tout le monde fasse de même et se relaie autour de lui/d’elle en permanence… ou bien qu’elle a décidé, pour le bien de son/sa conjoint(e) d’aller vivre à la campagne alors que ni l’un ni l’autre ne conduit, et qu’elle s’attend donc à ce que tout le monde les véhicule ou leur apporte ce dont ils ont besoin.

Cela paraît dur à entendre et à lire mais, à part vous épuiser, vous ne pourrez rien changer tant que la personne codépendante ne décide de changer quoi que ce soit. Conscientisez que si la personne ne sort pas de d’une relation de codépendance, c’est qu’elle ne peut pas le faire. Ce n’est pas une question de volonté.

Tant qu’elle n’a pas fait le choix de se choisir, ni de faire aider pour sortir d’une relation de codépendance, elle ne peut pas en sortir. Et souvent, les personnes codépendantes ne peut pas faire ce choix. Jamais.

conscience codépendance merveilleusement imparfaite
La personne codépendante ne PEUT PAS faire le saut dans le vide de se choisir elle-même

Pour vous donner ma propre expérience sur le sujet, vivre de l’extérieur des relations codépendantes m’a fait arrêter de vouloir sauver les gens malgré eux. Je m’y suis reprise à plusieurs fois je dois bien l’avouer, car je n’avais pas bien compris le principe de la codépendance. Aujourd’hui, je me sens dans la bienveillance, mais je n’adhère plus au scénario. Je me positionne fermement, je dis non quand cela ne semble pas bon pour moi et, en fait, tout se met en place merveilleusement. Je peut donc côtoyer – ou pas – des personnes codépendantes en toute sérénité. Ceci étant, ça n’a pas toujours été facile, et je n’y suis pas arrivée du premier coup.

Codépendance versus dépendance affective

La codépendance peut se trouver dans tous les domaines. Dans la codépendance, la personne codépendante a besoin que l’autre ait besoin d’elle. C’est pourquoi on la retrouve souvent en cas d’alcoolisme, de handicap ou de dépendance physique. On la retrouve aussi dans les relations de subordinations comme parent-enfant ou chef(fe)-employé(e). Enfin, la codépendance est aussi présente dans les relations amicales, ou l’une des personnes prend en charge les besoins de l’autre, avant même qu’elle ait eue le temps, parfois, de formuler la demande. On se retrouve alors dans une situation de triangle infernal.

La codépendance ne doit pas être confondue avec la dépendance affective, qui dit que l’autre est le responsable de mon bonheur : j’ai besoin de l’autre, car seule je ne peux pas y arriver.

 

Voila chère Merveilleuse, j’espère que cet article vous aura éclairé sur ce genre de relation très particulière et pas évident à vivre au quotidien. Et vous ? Avez-vous déjà été confrontée à ce genre de situations ? Comment vous en êtes-vous sortie ? Faites-moi part de vos commentaires ! J’ai hâte de vous lire.

À bientôt !

Vous pouvez reproduire ce texte et en donner en copie aux conditions suivantes :

  • qu’il ne soit pas coupé ;
  • qu’il n’y ait aucune modification de contenu ;
  • que vous fassiez référence à Merveilleusement imparfaite ;
  • que vous mentionnnez le nom de Marie Christine Provost.

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